Un des intérêts d’être indépendant est de pouvoir exercer cette activité en parallèle d’une autre.
Dans cet article, je présenterai, selon mon avis, les avantages, les inconvénients et les vigilances à avoir par rapport à ce cumul. Enfin, je conclurai par mon exemple personnel en guise de témoignage.
Financier : moins de pression, car vous bénéficiez d’un apport financier assuré chaque mois. L’activité présente moins de risques. La première peut même permettre de financer la deuxième.
Développement au sein de son propre réseau : dans la société actuelle, le recrutement fonctionne souvent par le bouche-à-oreille. Ici, le principe est le même. Il sera plus aisé d’aborder une personne qui vous connait et qui a déjà constaté la qualité de notre travail.
Moral : votre emploi en tant que salarié-e vous occupe un certain temps, cela vous permet d’être concentré-e sur une activité bien précise sans s’inquiéter du rythme moins dense sur certaines périodes pour la deuxième.
Assertivité : moins de tentation d’accepter un contrat sous-payé pour avoir l’assurance d’un client (fait de se dire : « c’est mieux que rien »).
Disponibilité : le temps est très limité et il est difficile de tout faire. Vous pouvez avoir l’impression de n’avoir rien fait et de ne pas avancer. Certains créneaux horaires seront occupés en tant que salarié-e et sont non-négociables si le client a un besoin sur une journée ou demi-journée spécifique.
Par rapport à d’autres secrétaires qui exerceraient cette activité à temps plein, il vous sera plus compliqué de répondre dans l’immédiat et de proposer une rencontre, en tenant compte des disponibilités du client et des vôtres. Il peut parfois se passer des jours ou même des semaines avant d’y arriver avec le risque que le client se lasse et aille voir la concurrence.
Personnalité de son employeur à prendre en compte : celui-ci peut ne pas adhérer à votre projet, vous réclamer des comptes, n’être pas à l’aise avec l’idée que vos clients offrent les mêmes services que lui (= concurrence).
Toute cette négativité peut conduire à une baisse de moral, car cela peut compromettre votre enthousiasme sur votre projet et diminuer votre intérêt pour votre emploi.
Par ailleurs, il faudra vérifier qu’aucune clause de non-concurrence n’est présente dans votre contrat. Bien que votre propre activité ne rentre pas en concurrence avec celle de votre employeur, celui-ci peut se montrer réfractaire et vous interdire d’exercer.
Dans ce cas, vous devrez faire appel à un juriste pour défendre vos droits, ce qui représente un coût non négligeable, avec le risque de dégrader vos rapports de travail.
Compartimenter : il peut être difficile de passer automatiquement et rapidement du statut de salarié à celui d’entrepreneur face au client et du statut d’indépendant face à votre employeur, car vous développerez certains réflexes dans les deux cas.
Légitimité des congés : si vous débutez votre activité comme indépendant, vous vous dites que ce n’est pas le meilleur moment pour prendre des congés, car il vous faut être très actif afin de trouver vos premiers clients. Sauf qu’en tant que salarié-e, vous avez travaillé toute l’année.
Dans un premier temps, vous êtes dans l’obligation de prendre vos congés sous risque de les perdre.
Dans un second temps, il est important de vous reposer et prendre du temps pour vous.
Que faire alors pendant cette période ? En profiter pour passer plus de temps en prospection, en travail pour le client ? Garder le même rythme et se reposer sur le temps consacré à son emploi de salarié ?
Si vous souhaitez cumuler ces deux statuts, il est important de respecter certains points :
Expliquez votre projet en toute transparence à votre employeur.
Vérifiez votre contrat (clause de non-concurrence). Livrez les détails que vous souhaitez. Attention, il n’y a aucune obligation de réponse si votre employeur se montre intrusif sans motif réel et sérieux.
Accordez autant d’importance aux deux activités.
Par exemple, si un client souhaite que vous interveniez sur un créneau horaire bien précis où vous travaillez pour votre employeur, vous avez deux cas de figure :
Réfléchissez à vos disponibilités et le temps à répartir (plus de salariat ? plus d’entreprenariat ? égalité ?)
Faites attention à toute ambiguïté avec votre employeur. À la présentation de votre projet, celui-ci peut être intéressé par votre nouveau statut et pourra vous proposer de rompre votre contrat afin de devenir votre client. Cela s’appelle du salariat déguisé.
Pour résumer, le cumul est tout à fait envisageable et dépendra alors des points suivants :
J’ai la chance d’aimer ce que je fais en tant que salariée et d’être très bien traitée par mes employeurs. L’idée d’exercer en tant qu’indépendante a pour objectif de continuer ce travail pour lequel je suis passionnée.
Malheureusement, on en revient souvent à la même problématique : l’aspect financier.
Par mon travail, je bénéficie d’une totale autonomie et d’importantes responsabilités grâce auxquelles je m’épanouis, mais la charge de travail est insuffisante pour augmenter mon nombre d’heures. À ce jour, il m’est impossible d’envisager de quitter mes emplois. C’est ainsi que ma réflexion m’a conduite à ce choix.
Bien que je sois salariée, mon organisation et la confiance de mes employeurs font que je suis très indépendante dans mon travail. Il m’a été difficile de trouver d’autres contrats pour compléter mes heures. Quand cela a été possible, l’approche était différente et trop éloignée de mes habitudes. Bien que j’effectuais le travail qui m’était demandé, je n’étais pas heureuse.
Mes employeurs me soutiennent beaucoup en me conseillant et me recommandant auprès de leur entourage. Si je devais modifier mon planning pour répondre à la demande d’un client, je sais qu’ils seraient heureux d’accepter pour me permettre d’accéder à la mission. Dans l’idéal, ils souhaitent me garder, car ils sont satisfaits de mon travail, ils ont donc l’intelligence de comprendre que cette autre activité leur sera indirectement bénéfique.
De plus, ils se montrent très intéressés, en me demandant de temps en temps des nouvelles et se réjouissent dès que je reçois une bonne nouvelle, mais ne sont pas intrusifs en exigeant des comptes sur ce que je fais dans les moindres détails, par exemple.
À ce jour, je suis en pleine prospection et j’ai déjà constaté les limites du cumul des deux activités. J’ai obtenu des rendez-vous où mes disponibilités ne coïncidaient pas avec celles du client. La rencontre a donc mis un certain temps à se faire.
Cependant, j’y suis parvenue. Cela prouve donc que ce n’est pas insurmontable. De plus, c’est très engageant puisque malgré ça, le client est prêt à attendre ce qui montre son intérêt pour vous.
Pour vous donner une idée, je travaille 20 h/semaine en tant que salariée, il me reste alors une disponibilité de quatre demi-journées pour ma seconde activité sur des horaires « normaux ». L’avantage de travailler à distance est de pouvoir être disponible certains soirs, week-ends… À moi ensuite de m’organiser et gérer mes temps de pause.
Pour répondre à la question des congés et leur légitimité, je ne pense pas qu’il soit favorable de profiter de cette période pour augmenter son activité d’indépendante. En effet, cela sera préjudiciable pour les trois parties :
L’employeur : si vous ne prenez pas le temps de vous reposer, serez-vous efficace dès la reprise du travail ? Sans réel break, peut-on apprécier de se remettre au travail ?
Le client : celui-ci peut être perdu. Le reste du temps, vous lui dites être disponible sur certains créneaux spécifiques, puis à 100 %. À quoi doit-il s’attendre ? Comment doit-il s’organiser ? Après s’être habitué à un certain rythme, acceptera-t-il de s’adapter à un autre ?
Vous : attention à votre santé ! Imaginez aussi que ce rythme accéléré vous permette d’obtenir plusieurs missions, comment allez-vous gérer votre organisation lorsque vous reprendrez le travail ? Arriverez-vous à tout faire ? Respecterez-vous les temps impartis ? Une fois de plus, le rythme ne sera pas le même et vous devrez prendre le temps de vous réhabituer à l’ancien.
Adeline BOIVIN
http://liria-assistance.jimdo.com/
Crédits photo : Jaakko Hakulinen
Je vous remercie Adeline pour cet article très complet, je me commence tout juste à me renseigner sur le sujet, c’est très intéressant, je ne pensais pas que c’était possible. c’est très motivant de lire des articles tels.
Vivre ce cumul comme une opportunité c’est génial.
Cumuler activité une activité en tant que salariée avec celle d’independant me semble, pour ma part, être le plus adapté.
De quel statut dépendons-nous dans ce cas ? En ce qui concerne la securité sociale par exemple, la CPAM ou le RSI ?
Merci pour vos réponses.
Je commence tout juste mes recherches :-) j’envisage de prendre par la suite le pack d’installation
Cela va dépendre aussi du statut juridique de votre activité.
En tant que salariée à 50 ou 80%, si vous vous immatriculez en micro, vous continuerez à dépendre du régime général et ne changerez pas de statut social (à moins que vous n’en fassiez la demande).
Mais en tant que salariée, vous auriez aussi peut-être intérêt à rejoindre une coopérative pour vous y salarier et donc renforcer vos droits à la protection sociale, comme l’a fait Adeline qui témoigne dans cet article…
Merci les filles pour vos commentaires positifs !
Je suis très heureuse de savoir qu’il ait pu trouver une résonance.
Très bon article, très intéressant comme toujours de la part d’Adeline. Cet article me parle beaucoup ayant moi-même à gérer un temps partiel et mon activité d’indépendante ;
Merci Adeline pour cet article très complet et qui permet de réfléchir au cumul des deux activités, qui est parfois une nécessité.
Ton témoignage est d’autant plus motivant que la partie salariée de ton activité se passe bien. Malgré le temps que cela te demande, j’imagine que ce sont les conditions idéales pour cumuler et c’est agréable de savoir que c’est possible tout en s’épanouissant !
Vivre ce cumul comme une opportunité et non une contrainte, c’est top :-)
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