Ce que j’ai appris de mes échecs
Publié le jeudi 14 octobre 2021 par Celine Lieffroy | 1 commentaires
Classé dans : Se lancer - Témoignages - Motivation - Peur de l’échec -

Dans mon travail d’accompagnement des assistantes freelances, j’entends souvent dire : « Si je ne réussis pas ce projet, ce sera un échec. Je serais anéantie. J’aurais du mal à m’en remettre ! »

De quoi s’agit-il en réalité ?

Du risque financier ?
Celui-ci est souvent minime dans nos métiers.

Du risque de quitter son emploi pour devoir en retrouver un autre ensuite ?
Certes ! Mais il semble que cet emploi ne vous convenait pas vraiment…

Et il n’est pas non plus impératif de quitter son CDI pour commencer à travailler sur son projet.
Vous pouvez sécuriser votre projet.

Que va-t-on penser de moi si j’échoue ?

Quels sont les risques de se lancer ?

  • Risque de perdre un job qui ne nous plaît pas vraiment, dans lequel on ne s’épanouit pas.
  • Risque de perdre un peu de temps dans sa vie à tenter un truc qui nous fait kiffer, plutôt que de continuer sa routine quotidienne dans laquelle on s’ennuie.
  • Risque aussi de réussir son pari, et de rencontrer le succès dans son projet…

Dans tous les cas, ce qu’on gagne, c’est un super apprentissage, une montée en compétences, en compétences métier, en compétences sociales, en connaissance de soi.

Ne pas réussir, ce n’est pas échoué, mais s’offrir une expérience et des apprentissages pour avancer dans notre vie. (Sans oublier qu’on a pris le risque de réussir !)
Échouer, ce serait ne rien apprendre de son expérience et recommencer toujours les mêmes erreurs…

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », disait Albert Einstein.

Albert Einstein, prix Nobel, auteur de la théorie de la relativité, qui a lamentablement échoué son concours d’entrée à l’École polytechnique fédérale de Zurich et auquel un professeur aurait dit qu’il ne ferait jamais rien de sa vie !

Essayer toujours et encore, fort de ses précédentes expériences, c’est comme cela que Thomas Edison, le futur fondateur de General Electric, a inventé l’ampoule électrique, après avoir expérimenté 6.000 filaments différents 🤪

« Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas  », répondait-il à un journaliste.

Peut-être que certain.es d’entre vous vont me dire qu’il n’avait que ça à faire de sa vie, de chercher à la réussir…

Ce qui est bien, quand on tente un projet, quel qu’il soit, c’est que dans tous les cas, on est sûre de gagner à la fin 👍

Au minimum, vous montez en compétences, plus que si vous étiez restée bien sagement à votre place en attendant que ça se passe (en attendant quoi ? On ne sait pas.)

Est-ce que ça vaut le coup ?

Un enfant qui apprend à marcher, on ne le décourage pas d’essayer. Et pourtant, on sait qu’il va certainement tomber !
Pourquoi ? Parce qu’on sait 1° que nous allons sécuriser le terrain, 2° que ça vaut le coup de passer par là, de prendre le risque de tomber, voire de se faire mal, parce que c’est important dans la vie de savoir marcher pour s’autonomiser.

Or, quand vous vous lancez :

1° Rien n’empêche de vous sécuriser. Tout le monde n’a pas le même goût de risque. Le goût, c’est comme tout, ça s’apprend, ça se développe, ça se muscle…

2° Posez-vous la question : En quoi est-ce important ? Est-ce que ça vaut le coup de prendre le risque de tomber ? Est-ce que d’ailleurs, je peux mesurer ce risque : me faire un bleu, me faire une entorse, me casser la jambe ou pire ? (Nous en revenons à la sécurisation.)

Différence culturelle

En Amérique, illes ne s’y trompent pas. Illes savent que (statistiquement) les personnes qui ont échoué ont plus de chances que les autres de réussir la fois suivante, fortes de leurs précédentes expériences. Illes se méfient même des gens qui réussissent du 1er coup !
Il n’y a qu’à voir la (presque) délectation qu’illes ont de raconter combien illes en ont bavé avant de réussir…

Michael Jordan, joueur de basket-ball américain, considéré comme l’un des plus grands champions de tous les temps, décoré par Barack Obama en 2016, raconte :

« J’ai raté 9000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois, on m’a fait confiance
pour prendre le tir de la victoire et j’ai raté. J’ai échoué encore et encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi
. »

Quand l’autrice britannique J.K.Rowling, créatrice d’Harry Potter, promeut les vertus de l’échec à l’université de Harvard :

« L’échec m’a apporté une confiance qu’aucun succès scolaire ne m’a permis d’atteindre. Il m’a fait découvrir sur moi-même certaines choses que je n’aurais jamais pu apprendre par d’autres moyens. »

Chez nous, au contraire, l’échec stigmatise. De moins en moins, mais encore beaucoup.

Pas toutes, mais la grande majorité des personnes qui participent au mini-programme « Êtes-vous prêtes à vous lancer » disent la même chose.

Qu’est-ce qui vous arrête ? Qu’est-ce qui vous empêche d’avancer dans votre projet ?
La peur d’échouer.

Qu’est-ce que cela veut dire ? > Perdre la face 😳
Dire au monde qu’on a raté, quelque part, c’est admettre qu’on est une « ratée ».

Comme si notre valeur en tant que personne, comme si nos qualités allaient se fondre dans ce projet.
Comme si nous ne pouvions pas tomber avant d’apprendre à marcher.
Comme si nous étions condamnées à être des virtuoses avant d’apprendre à lire nos partitions sans fausses notes…

C’est violent, vous ne trouvez pas ?

Que disent de moi mes échecs ?

Qu’est-ce que je devrais dire, moi, et mes échecs répétés ?

Moi qui après avoir saoulé tout le monde avec mon projet de librairie ai fini par déposer le bilan pour cessation de paiement et qui me suis retrouvée en surendettement pendant 8 ans.

Et je vous donne là le plus cuisant, mais ce n’était pas la première fois que je me plantais, croyez-moi ! (À l’occasion, je vous partagerais ma note à l’épreuve de français du bac 😆)

À quoi allez-vous associer ma valeur ? À ma note au son bac français, à celle de mémoire de maitrise ou de DEA, à l’ouverture de la librairie, à sa liquidation judiciaire, au lancement de mon activité comme secrétaire freelance…

Et si on faisait une moyenne de tout ça ?
Dans le cas d’Edison, 1 ampoule réussie sur 6000 tentatives, franchement, ça ne va pas faire beaucoup pour le fondateur d’une entreprise cotée au CAC40 aujourd’hui…

Aujourd’hui, si vous me demandiez si je regrette d’avoir créé cette librairie, à 100% je vous répondrais que non. Sans ça, je n’en serais pas là.
J’ai appris énormément de cette expérience, j’ai appris ce qu’on n’apprend pas autrement que pour l’avoir vécu. J’ai su ce dont j’étais capable et ce que personne ne m’aurait dit.

Certes, je serais de mauvaise foi de dire que je suis contente de m’être plantée.
Non, ce n’est pas ça. Sur le coup, ce n’était pas drôle à vivre et je m’en serais bien passé. Et pourtant, maintenant, je suis particulièrement fière d’être passée par là.

Et voilà, comme on s’américanise à se vanter de vos échecs 😉

Cultiver les regrets

Ce dont je n’aurais pas été fière, c’est d’être restée pieds et poings liés dans mon poste salarié, à m’ennuyer et à me plaindre tous les jours en imaginant ce que j’aurais pu faire de ma vie si on m’en avait donné l’occasion. (Ne me demandez pas qui est on.)
À me dire que je ne peux pas faire autrement, qu’il faut bien gagner sa vie et que je n’ai pas la possibilité de faire des économies…

D’ailleurs, par la même occasion, j’ai appris qu’on pouvait se lancer sans argent, ce que je ne savais pas à l’époque. (Et je parle d’un projet à plus de 100 000 euros, pas d’une activité freelance !)

Finalement, est-ce que je pense que je suis une ratée, parce que j’ai raté ? Bah non.
Et vous ? C’est votre droit de le penser…

Je me souviens, le lendemain de l’ouverture de la liquidation judiciaire de la librairie, je commençais un CDD comme assistante dans une petite agence de design.
Le patron m’avait recrutée en me disant qu’il admirait beaucoup mon parcours !
(Je précise que je ne lui avais pas caché que je venais de déposer le bilan, au cas où vous en doutiez.)

Parce que vous allez me dire que c’est facile à dire aujourd’hui, avec mon activité qui roule et le confort matériel qui en découle.
Mais à l’époque, j’étais épuisée, pas fière de m’être plantée (ça, non !), exsangue financièrement, les huissiers à la porte (j’avais une peur bleue qu’illes la cassent en mon absence)… et voilà que le dirigeant d’une belle entreprise dans le Marais à Paris me dit qu’il est admiratif de mon parcours.
C’est dingue, non ?!

Personnellement, à part quelques personnes (des jalouses !), j’ai plutôt rencontré des regards admiratifs qu’autre chose dans cette période de ma vie.

Il faut dire que je n’ai pas non plus passé mon temps à pleurer (je n’avais pas bien le temps, d’ailleurs !). Il me fallait : 1. Trouver du boulot, de préférence temporaire (CDD), car je n’avais pas l’intention de rester salariée, 2. Un nouveau projet possible dans ma situation de surendettement personnel et de liquidation judiciaire de la société que j’avais créée.

Je me souviens même de la tête de mon banquier devant mon plan d’actions.
Il n’a pas osé me supprimer mes moyens de paiement malgré le surendettement et le fichage Banque de France, et je n’ai pas été embêtée plus que ça sur ce plan-là.

Finalement, qu’est-ce que j’ai perdu dans cette histoire ?

De l’argent, c’est vrai, incontestablement.
En même temps, je n’en avais pas tellement avant non plus.
Et puis, je ne me suis pas retrouvée à la rue, grâce à cette procédure de surendettement qui m’a protégée des créanciers.
Il m’a quand même fallu 8 ans pour tout rembourser, mais ça s’est fait en douceur.

J’avais renoncé à un CDI relativement bien payé.
Sauf que je me rendais au travail la mort dans l’âme. Les conditions de travail ne me plaisaient pas, ne me permettaient pas d’évoluer dans mon métier, ce qui est très important pour moi.
Au moins, même en galère, je savais pourquoi je faisais les choses et j’apprenais !

J’ai perdu mon rêve, et ça, c’était plus embêtant.
Même si, je vous avouerais qu’aujourd’hui, je suis contente de ne pas être coincée à la boutique et que je préfère le boulot que je fais maintenant. À l’époque, j’étais très triste de devoir y renoncer. Au moins, je n’ai pas le regret de ne pas avoir essayé.

▸ Cette épreuve m’a beaucoup fatiguée, c’est vrai aussi. Quoique je ne sache pas bien ce qui m’a le plus fatiguée : lancer le projet, tenir la librairie avec des horaires de dingue, ou après… Parce que finalement (et les gens qui sont passés par là le savent), l’arrêt est plutôt un soulagement…

Mais il faut voir aussi ce que j’ai gagné !

J’ai gagné une très belle expérience dont j’ai beaucoup-beaucoup appris.
Il me serait même difficile de détailler tous les points sur lesquels cela m’a amené à progresser : depuis la capacité à obtenir des financements bancaires à partir d’un tableau Excel, jusqu’à la communication sur les réseaux sociaux, en passant par la manière d’embaucher des guides pour les visites de Paris, et j’en passe, parce que ce serait vraiment trop long…

Paradoxalement, j’ai gagné aussi une belle confiance en moi.
Bah oui, finalement, qu’est-ce qui pourrait m’arriver de pire ? Oui, je sais, on peut trouver, mais je ne cherche pas (lol).
Maintenant que je suis passée par là, c’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose (dans l’entreprenariat du moins) qui me fait peur.

J’ai en effet perdu la face, les gens avaient cru en moi, pourtant j’ai raté. Et quoi ?
J’ai continué à me lever le matin comme tout le monde, chaque jour amenant son lot de défis du quotidien.
J’ai pu ainsi reconnaître mes ami.es, celles et ceux qui sont resté.es près de moi à ce moment de ma vie. Je suis heureuse d’avoir perdu les autres !

Et si j’avais su ?

Alors, évidemment, si j’avais su que ça allait se terminer comme ça, épuisée et surendettée, je n’y serais peut-être pas allée 🤔

Où en serais-je aujourd’hui ? Je ne sais pas. Peut-être toujours salariée au BHV ?...Peut-être pas…

Je trouve que ce serait dommage d’être passée à côté de cette expérience, de ce que ça m’a appris, de là où m’a amenée la vie aujourd’hui, riche de toutes ces expériences plus ou moins bien réussies, de tous ces apprentissages.

Et je ne sais pas vous, mais moi, j’ai soif d’apprendre davantage.
L’histoire n’est pas finie.

Nous ne sommes pas sans ressources

Vous voyez, cet échec (cuisant, il faut quand même bien le dire !) ne m’a pas anéantie. Ma vie a continué, un pas après l’autre, d’abord en tâtonnant, puis de plus en plus affirmée…

C’est que nous ne sommes pas sans ressources, même si nous ne les voyons pas.

▸ Je pensais que les gens allaient se détourner de moi, que j’étais stigmatisée.
Au contraire, cela a resserré des liens précieux avec mes proches.

▸ Accablée d’une partie des dettes de la librairie, je croyais que j’allais être harcelée par mes créanciers, ou plutôt une armée d’huissiers…
En réalité, il existe des dispositifs pour nous protéger et organiser les choses.
Cela a pris 8 ans, mais cela s’est fait « confortablement ».

▸ J’ai retrouvé du travail très facilement « grâce » à mon dépôt de bilan.
Je vous l’ai déjà raconté.

▸ Mon banquier a compris la situation et m’a permis de continuer une vie plutôt normale avec mes moyens de paiement, sans entrave sur mon compte.

▸ Et grâce au forum des secrétaires indépendantes et à Coopaname, j’ai pu remonter un projet dans les meilleures conditions pour moi.

C’est dans ces moments que nous trouvons des ressources. En nous et autour de nous pour continuer. Et c’est chouette, je vous assure !
L’important restant de continuer à mettre un pas l’un devant l’autre.

Nous n’avons qu’une vie, profitons-en maintenant !


Pour finir cet article, je vous invite à réfléchir sur ces deux points, et j’espère que vous me partagerez vos retours en commentaires (pour faire avancer tout le monde) ou par mail.

➤ Quand vous repensez à vos échecs les plus significatifs – je ne parle pas d’un échec récent qui serait encore émotionnel, mais les plus anciens – qu’est-ce que vous en avez appris ? Qu’avez-vous gagné d’avoir essayé ? Qu’est-ce que ça vous a apporté dans votre vie ?

➤ Quand vous croisez une personne qui a échoué – cela peut être un proche ou une connaissance – l’encouragez-vous avec bienveillance à se relever ou est-ce que vous la jugez comme une ratée ?


Commentaires
Le mardi 19 octobre 2021 à 13h39

Je me retrouve complètement dans ton article Céline.

J’ai créé mon institut de beauté en 2005 que j’ai vendu en 2007, j’ai longtemps vécu cette vente comme un échec et puis avec le temps j’ai décidé d’en faire une force.

Lorsque j’ai retrouvé un emploi salarié, je me souviens m’être fait la réflexion de ne surtout pas me remettre à me compte, JAMAIS. On est bien salarié, pas de responsabilité, pas de craintes du lendemain, la sécurité de l’emploi...

Puis finalement, en 2019, je me projette comme secrétaire indépendante, fini le salariat je veux pouvoir mener ma barque comme je l’entends. Avec le temps, on reprends confiance en nous.

En intégrant une CAE, j’ai pu allier Indépendance et Sécurité.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: Répondre à ce message ::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
Laisser un commentaire
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Lettre d'information

Inscrivez-vous à la lettre de Croquefeuille en remplissant ce formulaire :

Prénom :
Email *  :
* champ obligatoire.

Les plus lus
Publication
Mots-clefs
Les auteurs