Écrivains publics sous le statut auto-entrepreneur (témoignages)
Publié le lundi 20 avril 2015 par Celine Lieffroy | 2 commentaires
Classé dans : Témoignages - Écrivain public - Auto-entrepreneur - Particuliers -

Ils sont écrivains publics et exercent sous le statut d’auto-entrepreneur. Pour en savoir plus sur ce métier, voici leurs témoignages : Comment ils se sont lancés ? Quelles sont leurs prestations ? Quelles sont leurs difficultés ? Peut-on vivre de cette activité ?

Sarah Lor, écrivain public dans le Gard (30)

Installée près de Nîmes, Sarah a 42 ans, elle est mariée et mère de deux enfants de 10 et 12 ans.

Après un baccalauréat littéraire et artistique (cinéma-audiovisuel), elle s’est orientée vers des études de droit. Sa maîtrise en poche, elle a d’abord occupé un emploi dans une mairie, avant d’intégrer la Protection judiciaire de la jeunesse dont elle a été directrice de service pendant 12 ans.

C’est en 2011 qu’elle a décidé de se lancer comme écrivain public et qu’elle a créé La Page d’Écriture.

« Les différentes réformes de la Justice, ainsi que les réformes organisationnelles ont fait que je ne me suis plus retrouvée dans ma fonction et que j’ai décidé de lancer mon activité d’écrivain public. »

Elle a donc fait une demande de disponibilité de la fonction publique, s’est inscrite à la formation Écrivain public du CNED, puis travaillé son projet à partir des sources internet (étude de faisabilité, notamment).

« J’ai eu la chance d’avoir l’entier soutien de mon mari qui a accepté sans souci de voir mes revenus disparaître dans un premier temps pour aujourd’hui se situer à moins de la moitié de ce qu’ils étaient... Mais nous économisons par ailleurs sur la garde des enfants qui est maintenant la plupart du temps inutile puisque je tâche de m’organiser en conséquence. »

Sarah a opté pour le statut d’auto-entrepreneur,

« Parce que c’était le plus simple pour démarrer, et surtout parce qu’il n’implique aucune avance de charges, contrairement aux autres. Je ne paie mes impôts et charges qu’une fois que l’argent est rentré. Cela permet de faire face aux périodes d’inactivité plus tranquillement. »

En tant qu’écrivain public, Sarah travaille aussi bien pour les particuliers que les entreprises.

« Je n’ai pas limité mes prestations volontairement et je me présente comme écrivain public susceptible d’effectuer tous travaux de rédaction et d’écriture. »

Ses prestations sont donc très variées.

Pour les particuliers, ce sont des demandes de rédaction de courriers, CV et lettres de motivation, ainsi que des biographies.

Pour les entreprises, c’est de la rédaction web, le plus souvent à distance. Son plus gros client lui demande de rédiger ses comptes rendus de réunion.

Le travail de biographie est le plus chronophage, car il implique des rencontres fréquentes pour les entretiens, ainsi qu’un travail de rédaction important.

« Les rédactions "simples", comme les courriers, lettres de motivation et CV, sont les moins "rentables" ; il est difficile de facturer plus de 30 ou 40 euros, alors qu’on y passe bien souvent plus d’une heure, ne serait-ce qu’en temps d’échanges. »

Toute demande de mission commence par un premier échange qui peut être fait par mail ou par téléphone.

« J’envoie ensuite un devis pour la prestation, accompagné de ma charte d’éthique et de déontologie. Une fois le devis accepté, si c’est un particulier, je demande un acompte de 30 % (j’ai eu de nombreux impayés au début de mon activité, malheureusement...). Puis je rédige, fait un retour au client, ensuite les modifications jusqu’à validation. J’envoie ensuite ma facture.
S’il s’agit d’une entreprise, je ne demande pas d’acompte (le paiement se fait souvent de manière différée pour des raisons comptables propres aux entreprises), et je procède de manière équivalente
. »

Sarah refuse parfois des missions : « une demande totalement farfelue ou encore un mémoire à écrire à la place d’un étudiant, ce qui est interdit... »

Les journées s’organisent en fonction de sa charge de travail et de sa vie familiale.

« En général, après avoir emmené mon fils cadet à l’école, je passe une demi-heure à une heure à "gérer la maison" : les tâches ménagères, les démarches et courriers, etc.
Puis je travaille prioritairement pour mes clients, et quand je n’en ai pas, je travaille sur mon site internet et/ou sur la recherche de nouveaux clients
. »

Or, sa charge de travail fluctue énormément d’une semaine à l’autre.

« Mon temps de travail actuel représente un petit mi-temps, mais qui peut être du temps très plein ou très libre... Je ne maitrise en effet pas ma charge de travail. Cette semaine, par exemple, je n’ai eu aucun client. La semaine prochaine, j’ai trois jours complets en entreprise. »

C’est par le bouche-à-oreille que Sarah trouve principalement ses clients.

Pour elle, les qualités nécessaires pour devenir écrivain public sont le sens de l’adaptation, une réelle capacité d’écoute et d’empathie et le professionnalisme.

« Je pense que pour faire ce métier, il faut être ouvert, curieux, cultivé, excellent en français, avenant, inspiré. Il faut également être toujours en mouvement vers la recherche de clients, la veille professionnelle... »

Sarah accorde beaucoup d’importance à la formation continue.

« C’est en rédigeant des biographies et en écoutant des histoires de vies que j’ai souhaité compléter ma formation en suivant un enseignement universitaire en Généalogie et histoire des familles, que j’ai validé par l’obtention d’un DU. Cela me permet de compléter mon offre de biographe par celle de recherches généalogiques. »

Elle a également complété ses compétences en bureautique, notamment par une formation Excel et elle prépare actuellement la certification Voltaire.

La principale difficulté du métier est la fluctuation du travail et des missions, ce qu’elle appelle les « vaches maigres », ainsi que l’anticipation des charges.

« J’ai encore trop tendance à me réjouir de ce que je gagne et à ne pas penser aux presque 25 % d’impôts et de charges que je vais devoir payer... »

Pour devenir écrivain public, les compétences ne sont pas qu’orthographiques et grammaticales…

« Il faut être capable de tenir sa comptabilité, de tenir les délais, de ne pas se décourager... Mais si je ne devais retenir qu’un conseil, ce serait de ne pas se lancer seul, dans le sens où il faut veiller à intégrer très vite un réseau qui fournisse entraide, soutien, astuces... »

Quelles différences entre le métier d’écrivain public et celui de secrétaire indépendante ?

« Pour moi, ce sont deux métiers différents. L’écrivain public met sa plume et ses compétences en français au service des autres ; mais il doit être capable de rédiger n’importe quel contenu, qu’il s’agisse d’un article sur les tracteurs ou d’une lettre d’amour. La secrétaire indépendante est orientée vers la rédaction professionnelle destinée aux entreprises et doit avant tout faire preuve d’une organisation sans faille. »

Samia Bouchetat, écrivain public à Paris (75)

Installée à Paris, Samia a 31 ans. Titulaire d’un master 2 en histoire-géographie parcours métiers de l’enseignement, spécialité « mondes contemporains », elle a commencé par enseigner cette matière avant de choisir de devenir écrivain public.

« Ma reconversion s’explique par une déception générale ressentie vis-à-vis du corps enseignant, des élèves, de l’Éducation nationale. J’ai vécu des désillusions et je ne me sentais absolument pas valorisée ni libre de mes actes. Le travail d’équipe ne me correspondait pas non plus. »

Après un bilan de compétences, Samia a suivi les cours par correspondance du CNED, « de façon à appréhender toutes les facettes du métier ».

Son entourage n’a pas été très rassuré de son choix.

« Mon père était réticent, car perplexe par rapport à la question financière. Il ne croyait pas que l’on pouvait en vivre, alors qu’il n’avait pas le recul nécessaire pour comprendre ma position, mon choix et mes intentions.
J’ai évité d’en parler autour de moi avant de faire mes preuves, car je savais que j’allais être confrontée à des remarques de type : "Ça existe encore ?", ou bien : "Tu vas continuer à enseigner à côté ?", ou encore : "C’est dur ça, non ?"
. »

Son projet a démarré par une étude de marché réalisée à partir de la documentation de l’APCE et du CNED.

« Cette documentation m’a servi à répondre aux questions : qui ? quoi ? comment ? où ? pourquoi ? Une fois les réponses approfondies, je me suis occupée des questions administratives et contractuelles avant de créer mon site et de développer en amont tous les axes de communication existants pour prospecter et me faire connaitre. »

Samia a créé La Plume de Pierrot en septembre 2012 en libéral et s’est immatriculée comme auto-entrepreneur.

« L’avantage de ce statut, outre la simplicité, est le fait qu’il s’accorde à une activité qui s’exerce à domicile, qui ne demande pas d’investissement matériel trop important, et pour laquelle la prise de risques est quasiment faible. »

Samia travaille majoritairement avec des particuliers.

« Ils sont généralement à Paris et dans tous les départements d’Île-de-France. J’en ai aussi quelques-uns en province, car je travaille aussi à distance. »

Ses principales prestations sont la rédaction de courriers administratifs, de lettres de motivation et de CV. Elle corrige, réécrit et met en pages des mémoires d’étudiants, et fait également de la rédaction web pour un client professionnel.

En fonction de la prestation, Samia travaille plutôt à distance ou sur rendez-vous.

« Au début de mon activité, je me déplaçais chez mes clients, mais voyant le flux s’installer, j’ai trouvé une solution qui m’arrange davantage : un bureau occasionnel lorsque je suis amenée à recevoir sur rendez-vous. »

Par exemple, un CV sera plutôt réalisé à distance.

« Il y a d’abord un entretien téléphonique pour cerner la demande et les objectifs du client. Ensuite, ce client m’envoie son CV déjà existant pour établir un devis. Dès qu’il a confirmé son engagement et qu’il a réglé sa commande, je réalise la mise en page et la refonte du CV à partir de mon logiciel, puis j’effectue les réajustements nécessaires. Je lui envoie toujours une première version (provisoire) en format DOC et PDF pour que le client puisse contrôler ce qui a été fait et me suggérer des modifications si nécessaires, auquel cas je lui adresse une version définitive. Il n’y a qu’un seul aller-retour. Le client valide et la mission est terminée. »

Les journées de Samia sont organisées la veille à partir des tâches qu’elle doit effectuer pour ses clients.

« Tous les matins, je consulte ma boîte mail pour répondre aux messages reçus et éventuellement lire les newsletters qui me sont adressées pour prospecter efficacement. Ensuite, je vais sur les réseaux sociaux pendant une heure pour trouver de nouvelles missions, consulter les posts dans les groupes et en poster moi-même si j’estime qu’une nouvelle est intéressante. Je fais des statistiques à partir de mon fichier client pour déterminer la marche à suivre. J’envoie un questionnaire de satisfaction. Je complète le contenu de mon site internet au fur et à mesure des informations qui se présentent. Je prends le temps de déjeuner une heure. Si j’ai un travail à réaliser, je le fais, en sachant que c’est toujours ce travail-là qui est prioritaire, car il doit être livré dans les délais. Je n’ai jamais eu aucun retard jusqu’à présent. Je m’absente uniquement si j’ai des courses à faire ou si je dois rendre des livres à la bibliothèque, puis je reviens pour reprendre le travail. Mes journées off sont le samedi après-midi et le dimanche. Là, je ne planifie rien de professionnel, ces journées étant consacrées à mes loisirs. »

Ses clients font appel à ses services grâce à internet et par le bouche-à-oreille.

« C’est eux qui me trouvent par le biais des Pages Jaunes, de mon site internet, des réseaux sociaux et des petites annonces. Lorsque je fais la démarche de contacter moi-même mes prospects, c’est aussi sur internet, mais très très rarement par téléphone ou par mailing. »

Pour Samia, les qualités indispensables de l’écrivain public sont l’écoute et l’impartialité.

« Il est en effet important de ne pas être dans le jugement de valeur. Il faut donc rester neutre et à l’écoute pour bien cerner la demande, y répondre efficacement et s’attirer la confiance du client. »

En outre, elle rappelle qu’il faut évidemment maitriser la langue française, la typographie, la syntaxe et les techniques d’écriture.

La principale difficulté du métier reste la prospection et se faire connaitre.

« La prospection est quotidienne, donc permanente, lorsqu’on a des périodes durant lesquelles on ne réalise que des travaux ponctuels qui se terminent en une journée. Là, on essaie de trouver un prospect qui aurait une mission plus longue à nous proposer, telles une relecture de mémoire ou l’écriture d’un récit de vie. L’autre difficulté est le fait que des particuliers et même des professionnels ignorent l’existence de professionnels tels que nous, alors qu’on est là pour leur faciliter la vie. »

Ses conseils :

« Je conseillerai tout d’abord de suivre une formation, car on ne s’improvise pas écrivain public. Beaucoup de gens pensent qu’ils savent écrire parce qu’ils ne font pas de fautes d’orthographe ou de syntaxe, mais ce n’est absolument pas suffisant. Ils croient savoir écrire, pensent qu’il n’y a pas besoin d’avoir un diplôme, alors qu’ils ignorent un certain nombre de règles, comme les règles typographiques ou les techniques d’écriture qui doivent être irréprochables lorsque l’on travaille sur des documents de communication, par exemple. Il faut savoir se mettre à la place des autres pour mieux les écouter et les comprendre, car écrire sur commande, c’est s’imprégner du ressenti du client. »

Quelles différences entre le métier d’écrivain public et celui de secrétaire indépendante ?

« Je pense que la secrétaire indépendante n’a pas du tout la même approche de l’écriture et de ses subtilités qu’un écrivain public. Un écrivain public travaille véritablement le texte au corps à corps, lui donne du relief, tandis que la secrétaire indépendante est une simple exécutante, souvent reléguée à des travaux administratifs ou à des transcriptions. De plus, le niveau d’études et les exigences d’écriture ne sont pas les mêmes entre les deux professions. Une secrétaire n’est pas habilitée à rédiger une biographie, des mémoires familiales, ou entamer des recherches généalogiques, à la différence de l’écrivain public. »

Jean-Michel Houssay, écrivain public en Touraine (37)

Âgé de 48 ans, Jean-Michel est installé à la campagne à 50 km au sud de Tours.

Titulaire d’un BTS Action commerciale, il a commencé sa carrière comme commerçant indépendant dans la vente de livres en retour d’éditeurs, avant de devenir sacristain à la cathédrale de Rennes pendant 8 ans.

« J’ai choisi le métier d’écrivain public pour une raison simple. J’étais au chômage depuis 3 ans. Ayant passé, avec succès, une VAE d’agent d’accueil (niveau CAP/BEP), j’en avais marre d’entendre Pôle Emploi, quand je postulais pour un poste d’accueil, me dire que j’étais trop diplômé par rapport à ce que je cherchais. »

Souhaitant travailler à son compte comme auto-entrepreneur, c’est ainsi que Jean-Michel a choisi le métier d’écrivain public.

Il a commencé l’étude de son projet par la documentation de l’APCE qui lui a confirmé que ce métier ne nécessitait pas de diplôme et qu’il y avait des débouchés.

Jean-Michel a tout de même suivi la formation d’écrivain public proposée par le CNED, « qui est assez complète et surtout financièrement abordable. »

Après avoir validé qu’il y avait peu de concurrence sur son département, il a décidé de se « jeter à l’eau ».

« Je me suis donné 6 mois pour voir venir. Si au bout de 6 mois, rien ne bougeait, alors je réviserais ma copie. »

C’est en février 2011 qu’il a créé La Plume Alerte sous le statut d’auto-entrepreneur.

« J’ai choisi ce statut, car il était le plus adapté par rapport à mon activité : pas d’apport de capital, charges réduites, gestion facile (je fais ma propre comptabilité), souplesse… »

Pour maximiser ses chances, Jean-Michel a créé son site internet grâce à un ami et il a eu recours à Google Adwords de manière à s’assurer la meilleure visibilité sur le moteur de recherche comme écrivain public.

« Comme c’est un système d’enchères, j’ai calculé qu’avec 3 euros/jour, soit 90 euros/mois, c’était possible, sachant que c’était quasiment ma seule dépense. »

Il s’est également inscrit sur les réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Viadéo, Twitter…, a obtenu un article dans La Nouvelle République, ainsi que de divers passages sur les radios locales.

« J’ai également des affiches dans toutes les mairies des environs et ai fait, pendant un moment, le marché de Chinon. »

Jean-Michel a bénéficié du soutien d’EGEE, une association de seniors qui aide ceux qui veulent démarrer leur entreprise.

Finalement, au bout de 6 mois, l’essai s’est avéré concluant. Jean-Michel a alors adhéré au GREC, le Groupement des écrivains-conseils.

Ses prestations sont variées : mise en page, relecture et correction d’articles, livres, thèses…

« Je fais des CV, lettres de motivation, discours, des récits de vie pour permettre à ceux qui le désirent de transmettre un témoignage. Je peux aussi chercher un éditeur… »

Il travaille aussi bien avec des particuliers que des professionnels.

« Je travaille avec des éditeurs, une traductrice suisse, mais aussi des écrivains et des particuliers. »

Jean-Michel travaille essentiellement à distance dans toute la France, et même avec la Suisse.

« Un client me contacte ayant vu mon site sur internet. Il souhaite que je lui corrige un manuscrit, ou lui remette en page. Je lui envoie un devis par mail avec mes conditions de prestation. Il me le renvoie signé avec son manuscrit et je me mets à l’œuvre. »

Il travaille du lundi au vendredi.

« Mes horaires sont, en général : 9 h 30-12 h/14h-19h. Après avoir commencé par consulter mes mails, j’organise mon travail suivant l’urgence et l’importance, l’échéancier que je me suis fixé. »

C’est un métier qui demande beaucoup d’investissement personnel pour une rentabilité « qui met du temps à venir ».

Une orthographe irréprochable et une bonne culture générale sont indispensables pour devenir écrivain public.

« Mais il faut aussi des qualités naturelles d’empathie, d’écoute, pour pouvoir accueillir ce que dit le client et qui peut parfois être douloureux (je pense à des récits de vie). »

Jean-Michel conseille éventuellement d’avoir une activité annexe, car « le métier ne suffit pas à lui seul pour en vivre ».

Quelles différences entre le métier d’écrivain public et celui de secrétaire indépendante ?

« Je ne connais pas assez le métier de secrétaire pour répondre, mais il me semble que le métier d’écrivain public est plus polyvalent dans les prestations qu’il propose. Un écrivain public n’a pas vocation à faire de secrétariat uniquement, de même qu’une secrétaire n’aura pas vocation, par exemple, à faire des récits de vie. »

Céline Perrin, écrivain public dans la Marne (51)

Installée à Châlons-en-Champagne, à 41 ans, Céline est écrivain public, biographe, auteure, rédactrice web et, parfois même, secrétaire indépendante…

Après un bac littéraire et une licence de philosophie, elle a passé sans succès le concours de professeur des écoles, puis est devenue secrétaire.

« Je n’avais pas envie de faire ça toute ma vie. Le métier d’écrivain public est venu comme une évidence dans mon esprit : j’ai toujours aimé les livres, l’écriture, les mots… »

Céline a créé @BCé-lignes en novembre 2010 sous le statut d’auto-entrepreneur.

« N’ayant aucun employé, et je pense que ça restera comme ça, n’ayant pas besoin de beaucoup de choses pour travailler, ne pouvant pas me permettre des démarches trop compliquées, c’était la solution la plus simple. »

Céline a commencé son projet en réfléchissant à ses prestations. Elle a ensuite choisi son statut et contacté la banque afin d’obtenir un prêt. Enfin, elle a créé son site internet pour l’aider à trouver sa clientèle.

S’il n’a pas été surpris par celui-ci, son entourage s’est néanmoins inquiété de son choix.

« Ils n’ont pas été très surpris, connaissant mon goût pour la langue française et pour l’écriture. De plus, ils savaient que pour des raisons personnelles, je voulais travailler à la maison. Après, ils ont été inquiets, car ce métier est peu reconnu. Ils n’avaient pas tort, c’est difficile. »

En tant qu’écrivain public, Céline travaille principalement pour des particuliers, ainsi que pour « quelques professionnels, parfois ».

Ses prestations sont des corrections de documents, tels que VAE, mémoires, etc., des biographies, de la rédaction d’articles…

« J’ai un client à Paris, qui me demande de la rédaction d’articles, des particuliers près de chez moi, mais aussi partout en France. Avec une consœur qui habite La Rochelle, nous avons créé un Web Magazine. J’en suis rédactrice en chef et community manager. »

Elle travaille plutôt à la maison, mais peut également se déplacer chez ses clients près de chez elle.

« Je travaille dans mon bureau, chez moi. Je reçois par mail les demandes d’articles, je les rédige, je les renvoie. Je m’occupe de tout depuis mon ordi, y compris la publication des articles. Pour les corrections, je reçois les clients, s’ils sont sur Châlons, sinon on s’envoie les docs par mail et on se téléphone. Je travaille dans mon bureau, je renvoie. Enfin, pour les biographies, je travaille la prise de notes chez les clients et rédige chez moi. »

Depuis décembre 2014, Céline cumule son métier d’écrivain public avec un job d’auxiliaire de vie scolaire dans une école.

« Donc, je bosse pour l’école de 9 h à 12 h et de 14 h à 16 h 15, sauf le mercredi. Je m’organise autour de ça pour mon métier d’écrivain public. Je travaille parfois le soir jusqu’à 23 h ou minuit. »

Il lui parait en effet difficile de vivre de ce métier.

« On ne peut absolument pas en vivre. Il n’y a pas assez de demandes et on ne peut pas faire payer assez cher les prestations aux particuliers. Ils préfèrent parfois un travail bâclé par un non professionnel. »

Outre l’empathie, le métier demande une bonne connaissance de la langue française et de ses pièges, une facilité d’adaptation et de rédaction.

« Il ne faut jamais se décourager, parce que ça ne "décolle" pas tout de suite. Il faut des projets à côté, comme de la rédaction, monter ses propres blogs, écrire ses propres livres. J’ai commencé à écrire pour la littérature jeunesse ! »

Elle ajoute que le métier d’écrivain public ne s’exerce pas qu’en libéral…

« Les écrivains publics ne sont pas toujours indépendants et peuvent travailler pour des organismes. Il faut se renseigner sur ce que l’on veut faire. Dans ce cas, c’est surtout de l’aide au remplissage de documents administratifs ou de la rédaction de lettres officielles. Choses que l’indépendant fait également, mais pas au même prix. »

Quelles différences entre le métier d’écrivain public et celui de secrétaire indépendante ?

« Secrétaire, je le fais de moins en moins… je le dis même de moins en moins. Quand on me demande ce que je fais, je dis "écrivain public"… Un écrivain public peut réaliser les prestations des secrétaires, je peux écrire des lettres, etc. Par contre, il ne fait pas de permanence téléphonique, d’envoi d’emails, etc. »

Séverine Mallet, écrivain public en Vendée (85)

Originaire de Belgique, Séverine est installée près des Sables-d’Olonne. À 38 ans, elle est maman de 4 enfants âgés de 13 à 7 ans.

Après des études de droit effectuées en Belgique, Séverine a travaillé comme avocate à Bruxelles et à Paris pendant quelques années.

« J’ai ensuite souhaité mettre ma carrière entre parenthèses afin de me consacrer à ma famille et à mes enfants. J’ai envisagé pendant un moment de reprendre mon travail d’avocat à temps partiel. Mais il est difficile, après 5 années d’arrêt, de retrouver une collaboration, surtout avec 4 enfants… »

Elle a finalement opté pour le métier d’écrivain public. Pourquoi ?

« Tout simplement parce que ce métier me permet de mettre en œuvre mes compétences et que je peux l’exercer depuis mon domicile. »

Son entourage a plutôt été surpris par ce choix.

« Mon mari s’est montré très positif. Les autres membres de ma famille n’ont pas vraiment montré d’intérêt, et ont semblé trouver l’idée "saugrenue". »

Séverine a créé Neoplume en 2009 comme auto-entrepreneur.

Selon elle, le statut est adéquat pour une activité avec peu de frais.

« Quelques points négatifs toutefois : le plafond de revenus et la non-déductibilité des frais. Il est dès lors difficile de sous-traiter en cas de surcharge de travail. »

Son lancement s’est fait rapidement, en 6 mois environ.

« Après la définition de mon offre, j’ai créé mon logo, mon site internet et je me suis lancée. »

En tant qu’écrivain public, Séverine travaille aussi bien pour des professionnels que des particuliers. Ses clients peuvent être en France ou à l’étranger, aussi travaille-t-elle quasiment exclusivement à distance, « les échanges se font par mail et téléphone. »

« Je propose la rédaction, la correction et la réécriture de tous documents écrits. Compte tenu de ma formation, j’apprécie tout particulièrement les écrits à caractère juridique ainsi que les corrections de mémoire d’étudiants. »

Elle n’a pas vraiment de journée type et s’adapte à la demande.

« Généralement, je suis à mon bureau vers 9 heures, je réponds aux mails. Ensuite, j’attaque le travail proprement dit jusque 16 h 30 (en faisant une pause pour manger quand même). Je m’occupe ensuite des enfants et les amène à leurs différentes activités, je gère les tâches ménagères (avec 4 enfants, il y a de quoi faire…). Si nécessaire, je reprends le travail en soirée. »

Pour devenir écrivain public, outre de bonnes qualités rédactionnelles,

« Il est nécessaire d’avoir une bonne organisation, surtout lorsque l’on travaille chez soi. Il est en effet très difficile, pour ma part en tout cas, de scinder vie professionnelle et vie privée. »

Pour Séverine, les principales difficultés du métier relèvent d’ailleurs de l’organisation.

« Je trouve qu’il est très difficile de vraiment "décrocher". J’ai l’impression que mon activité me suit. Même le week-end, même en vacances, j’ai tendance à regarder mes emails.
Par ailleurs, les demandes des clients sont bien souvent urgentes. La liberté que l’on a en étant à son propre compte est donc toute relative : il faut savoir faire preuve de souplesse et de disponibilité
. »

Ses conseils : « ne pas brader ses prix au risque de ne pas pouvoir vivre de son activité… »

Quelles différences entre le métier d’écrivain public et celui de secrétaire indépendante ?

« Les deux métiers se ressemblent, mais je ne connais pas bien le métier de secrétaire indépendante. Il m’est difficile d’avoir un avis éclairé sur la question. »

Crédits photo : Greta Tamošiunaite

Commentaires
Le mardi 30 novembre 2021 à 09h12

Merci pour ces témoignages intéressants. Pour ma part, je suis écrivain public et biographe à Lyon, à l’Atelier Daphnis, et je travaille sous un statut d’entrepreneure salariée. Proposé par les CAE, coopératives d’activité et d’emploi, il est très avantageux. On bénéficie d’un accompagnement individuel et collectif, à travers des ateliers thématiques qui permettent de se perfectionner dans la recherche de nouveaux clients, la comptabilité, etc. Sans compter l’ambiance conviviale et l’échange facilité avec d’autres entrepreneurs. J’en suis personnellement très satisfaite ! J’encourage les futurs écrivains publics à s’informer sur ce statut qui gagne à être mieux connu.

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Le mercredi 5 janvier 2022 à 01h52

Merci Pauline pour ce commentaire.
J’ai comme vous à cœur de promouvoir le statut d’entrepreneur.e salarié.e, exerçant moi-même en coopérative depuis 2009.

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Le mercredi 20 mars 2019 à 17h18

Ayant fait des démarches administratives pendant plusieurs années qui m’ont plus ou moins eu de réponses je me suis intéressé au métier d’écrivain public. C’est un métier certainement passionnant car je suis dans une étape charnière de ma vie et mérite d’y apporter un point d’honneur pour une profession dans laquelle ma psychologie semble bien orienté pour en faire un appui supplémentaire à mon salaire. À 52 ans et depuis 6 années je m’occupe d’écritures ayant eu une vie plutôt de recherche et créative.

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