Les impacts de la crise Covid pour les assistantes freelances
Publié le jeudi 18 mars 2021 par Celine Lieffroy | 0 commentaires
Classé dans : Enquête - Difficultés - Télétravail - Covid-19 -

Dans le cadre de ma dernière enquête sur le métier de secrétaire indépendante, j’ai posé les questions suivantes :

  • Avez-vous facturé plus ou moins en 2020 qu’en 2019 ?
  • Pouvez-vous me parler de l’impact de la crise sanitaire sur votre activité ?
  • Voyez-vous des choses positives à en tirer ?
  • Sur quels points portent vos inquiétudes pour 2021 ?

Il me semblait intéressant de faire un point sur l’impact de la crise Covid sur l’activité des secrétaires indépendantes.

Le résultat est plus contrasté qu’on aurait pu le penser.
Certaines ont clairement su tirer leur épingle du jeu tandis que d’autres sombraient.

Globalement, la crise, comme celle de 2008-2009, a été plutôt un accélérateur de développement de nos professions en freelance :

  • difficultés de projection des professionnel.les indépendant.es et TPE dans le contexte actuel et peur d’embaucher
  • augmentation des contraintes administratives liées aux risques sanitaires et aux aides financières…
  • développement (contraint) du télétravail devenu la règle là où c’était possible

Je vous propose une synthèse des retours apportés à ces questions dans le cadre de l’enquête.

Avez-vous facturé plus ou moins en 2020 qu’en 2019 ?

N’ont été retenues pour cette question que les réponses des personnes qui étaient lancées depuis au moins 2 ans et qui pouvaient comparer :

Il est d’ores et déjà important de noter que près de la moitié des personnes ont vu leur activité augmenter, tandis qu’un bon tiers l’ont vu baisser plus ou moins.

Rappelons que dans le cadre des enquêtes précédentes, il y a toujours eu aussi des prestataires qui voyaient leur activité diminuer pour des raisons ou d’autres (perte d’un.e client.e, par exemple), sans que je sache cependant en mesurer la proportion.

En tout cas, l’impact n’a pas été catastrophique comme on pouvait le craindre au vu du contexte.

Ce qui n’a pas empêché certaines d’entre vous d’en avoir particulièrement souffert.
Il ne faudrait pas que ce constat global masque des difficultés réelles.

D’ailleurs, il est à noter que nous n’avons pas seulement souffert de la crise par l’impact économique et financier qu’elle a pu plus ou moins avoir sur nos activités, mais également par l’anxiété qu’elle a généré, ainsi que le « choc » de l’annonce du 1er confinement :

« Je n’ai pas perdu de client.es, mais toutes les commandes ont été annulées quasi dans la journée lorsque le premier confinement a été annoncé. »

« Je n’ai pas perdu de client.e, mais j’ai connu l’anxiété d’en perdre… »

Des effets contrastés et le plus souvent limités

➤ Pour certaines l’impact a été «  catastrophique  » :

« J’ai perdu toustes mes client.es. Je suis à 0 euro depuis août. »

Cela a été notamment le cas pour celles et ceux qui travaillaient avec des secteurs fortement impactés :

« Perte d’une clientèle elle-même en difficulté (événementiel, restauration…) Baisse de volume de leurs missions du fait du ralentissement de l’activité de leurs client.es. »

➤ Néanmoins, pour la plupart, l’impact s’est ressenti surtout lors du 1er confinement :

« Les missions ont été interrompues lors du premier confinement. 5000 euros de perdus ! »

« L’ensemble de mes client.es est revenu après le premier confinement, mais j’ai perdu beaucoup d’activités durant cette période. »

« Pas de perte de client.es, mais grosse baisse durant le confinement, car bloquée à la maison avec les enfants. Missions sur site toutes annulées. »

D’ailleurs, beaucoup ont mis leur activité « sur pause » à ce moment-là.

« J’ai mis mon activité en pause durant le 1er confinement. En dehors de ça, je n’ai pas eu trop d’impact. »

« J’ai mis volontairement fin à certains contrats pour travailler moins loin de chez moi. »

Les difficultés de leur clientèle ont pu aussi entraîner des retards dans les paiements :

« Pas de client perdu, mais des délais de paiement rallongés. »

Les secrétaires indépendantes ont su adapter leur activité au contexte de la crise

Après le premier moment de stupeur, beaucoup ont su :

  • adapter leur activité, par exemple en aidant à développer le télétravail
  • tisser des liens spécifiques de solidarité avec leurs client.es
  • proposer de nouvelles prestations
  • mettre à profit ce temps d’arrêt forcé pour se faire connaître

« Le fait de travailler en RH m’a sauvée : mise en place du chômage partiel, gestion des emplois du temps, etc. »

« Je n’ai perdu qu’une seule mission d’archivage. Par contre, j’ai gagné beaucoup de missions en retranscription. »

« J’ai perdu 3/4 de mes client.es, mais j’ai fait beaucoup de commercial pendant le confinement. J’en ai donc retrouvés tout de suite, dès la fin du mois de mai. »

« Mes client.es m’ont dit ne pas vouloir me laisser tomber dans cette période difficile. J’ai même décroché d’autres missions grâce aux personnes absentes du fait du Covid. Cela a commencé par des remplacements qui se sont transformés en mission longue durée… »

« Même si certain.es de mes client.es qui ont subi une baisse d’activité ont réduit le volume de mes prestations, cela a été compensé par un surcroît lié aux démarches de chômage partiel, demandes d’aides… »

« Les artisan.es n’ayant plus de chantiers, illes veulent tester les appels d’offres. »

« Pendant le confinement, j’ai perdu des heures, car mes client.es avaient une activité réduite, mais ayant de très bonnes relations avec elleux, nous avons trouvé un moyen d’avancer ensemble. »

➤ Finalement, souvent les missions se sont compensées, notamment pour celles qui ont un portefeuille composé d’une clientèle diversifiée :

« Je n’ai pas vraiment eu d’impact, car certain.es client.es ont arrêté, mais d’autres m’ont sollicitée. »

« Mon activité a été réduite chez les artisan.es et TPE, mais elle a bondi au niveau de mon activité pour le cabinet médical. »

Et certaines ont connu un pic de reprise :

« Je n’ai rien facturé en mars-avril, mais multiplié mon chiffre d’affaires par 2 en juin-juillet.  »

« Plus aucune activité lors du 1er confinement et jusqu’en septembre. Depuis, je suis submergée de travail. »

« J’ai perdu en chiffre d’affaires en avril lors du confinement complet, mais les affaires ont repris très fortement après le déconfinement.  »

« Le premier confinement a été très anxiogène, et particulièrement les premières semaines, lorsque toutes les réunions s’annulaient au fur et à mesure. Ensuite, les dispositions gouvernementales m’ont rassurée du point de vue financier. Puis, au bout d’un mois, les réunions ont repris sous des formes différentes (visio). Le deuxième confinement m’a apporté une charge de travail très importante avec l’organisation de CSE extraordinaires pour la mise en place des protocoles sanitaires. »

➤ Les modifications des conditions de travail que cela a entraîné ont pu avoir des impacts plus ou moins positifs en fonction des cas :

« Pendant le premier confinement, mes client.es ont été content.es, car j’étais la seule à demander à travailler. Illes ont donc continué à ne faire travailler que moi après le déconfinement. J’ai énormément progressé depuis mars tant dans mon métier que dans mon mode de fonctionnement travail / vie perso. »

« Les retranscriptions de réunions sont désormais en visio, ce qui impacte aussi les conditions de travail, puisque le son est moins bon qu’en présentiel. »

🔰 Pour compléter, découvrez les retours de l’enquête réalisée par Lexiris.fr pendant le 1er confinement :
https://croquefeuille.fr/?Coronavirus-Covid19-l-impact-pour-les-secretaires-independantes

Les difficultés à prospecter

Beaucoup les ont évoquées.
Cela reste néanmoins à relativiser dans la mesure où :

1° c’est de toute façon la difficulté numéro 1 des personnes qui se lancent, quelle que soit la période.
2° d’autres semblent au contraire avoir bénéficié du contexte pour trouver de nouvelles missions et client.es

« Il est compliqué d’aborder les professionnel.les touché.es par la crise. »

« Certaines consœurs pensaient que c’était le moment de prospecter. Moi, j’ai attendu que les activités repartent. »

Celles qui me connaissent savent qu’il n’y a pas pire stratégie que d’attendre !

« J’ai beaucoup de contacts avec des prospects intéressés, mais l’incertitude économique rend difficile le passage à l’acte. »

« Impossibilité de networker. J’ai horreur de cela, mais il faut admettre que c’est très important. »

« Les prospects ne souhaitent pas donner suite. Ils préfèrent attendre la fin du 1er trimestre 2021 pour y voir plus clair. »

Les effets positifs de la crise

➤ Dans les aspects positifs, la première chose qui ressort est le développement du télétravail.

Des client.es pour lesquel.les cela paraissaient impossible y sont passé.es contraint.es et forcé.es. Certaines pratiques vont certainement perdurer.

Les télésecrétaires apprécient de moins se déplacer et de disposer d’une plus grande souplesse entre leurs différentes missions.

« Le confinement a mis le travail à distance en avant. Les artisan.es et dirigeant.es d’entreprise se rendent compte que l’on peut travailler à distance et être efficace. »

« Les client.es ont appris à travailler à distance. Certain.es s’orientent vers plus de numérique. »

« Je me suis lancée dans la visioconférence avec mes client.es. »

« La possibilité de travail à distance est une chose acquise pour la plupart de mes client.es désormais. Cela permet aussi une plus grande réactivité pour répondre à leurs besoins. »

➤ D’autant que les liens se sont renforcés avec certain.es :

« Garder le contact avec mes client.es pendant le confinement était important. Cela a apporté un plus à notre collaboration. »

« Je trouve que les liens avec mes client.es sont différents, car nous prenons plus facilement le temps de parler de nous. »

« J’ai pu aider mes client.es dans des situations difficiles, et notre partenariat s’est renforcé. »

➤ Certaines soulignent l’effet d’aubaine lié aux aides et aux formalités qu’elles ont entraînées :

« Les client.es ont des difficultés avec la paperasse liées au Covid. »

➤ Et plus généralement, l’attrait de l’externalisation au regard d’une embauche pérenne, au vu du contexte.

« Notre flexibilité attire de plus en plus d’entrepreneur.es dont l’activité marche, mais qui manquent de visibilité et donc ne souhaitent pas embaucher. »

« Avec la crise, les patron.nes deviennent frileuz vis-à-vis des CDI. C’est un bon point pour nous. »

Attention quand même qu’illes ne vous considèrent pas comme un.e salarié.e de seconde zone !

« Beaucoup d’entreprises ont découvert le télétravail. Avec une bonne organisation, elles se sont rendu compte que l’intervention d’une indépendante peut être très pratique. Les 3/4 du temps, les entreprises ne trouvent plus de salarié.es pour des temps partiels. C’est bon pour notre profession… »

« Les entreprises vont chercher à faire des économies avec l’externalisation des tâches les moins rentables comme l’administratif. »

« Le concept de prestations ponctuelles ou récurrentes, sans engagement, semble plutôt d’actualité en cette période économique incertaine. »

Beaucoup ont su mettre à profit les périodes de confinement

Beaucoup ont profité du premier confinement pour faire un point sur leur activité, mettre leur comptabilité au carré, reprendre leur communication, revoir leur stratégie, créer de nouvelles prestations…

J’ai moi-même été très sollicitée pour des accompagnements à la démarche commerciale durant cette période.

Cela a été aussi l’occasion de se former, avec le développement des cours à distance et les aides financières en ce sens.

« J’ai pu réfléchir à de nouvelles stratégies, me recentrer sur certaines prestations proposées. »

« Cela m’a permis de me poser les bonnes questions et d’en sortir plus armée. »

« Cela m’a permis de me remettre en question, me bouger localement, trouver un nouveau client. »

« J’ai pu finaliser ce qui était en cours et prendre du temps pour préparer la suite. »

« J’ai profité de ce temps pour la formation et la communication. »

« J’en ai profité pour optimiser ma stratégie de développement. »

« Cela m’a laissé le temps de me former et d’apporter des corrections à la manière dont je gérais mon activité. »

« J’ai acquis de nouvelles compétences : gestion de crise, DUERP, plan de continuité d’activité, plan de reprise, fiches de protocoles… »

« J’en ai profité pour me former aux appels d’offres. »

« J’en profite pour suivre une formation et remettre à jour mon offre et mon site Internet, et réseauter… »

« Je suis sortie de ma zone de confort en acceptant des missions que je n’avais pas prévu de proposer initialement, et j’ai optimisé mon temps en revoyant mon organisation et mes outils bureautiques.  »

« J’ai revu toute ma prospection, défini ma cible, fait un site internet… »

🔰 Pour compléter, je vous renvoie à la lecture de cet article sur la vie confinée des télésecrétaires (1er confinement) :
https://croquefeuille.fr/?La-vie-confinee-des-telesecretaires

Les craintes restent fortes

➤ D’abord, pour la santé de leurs proches.

« Pas d’inquiétude pour le travail, mais pour ma santé ou celle de ma famille. »

« Je crains que le Covid-19 fasse de très gros dégâts dans ma famille. »

➤ Pour la santé financière de leurs client.es.

« Que la crise continue et certain.es de mes client.es vont devoir arrêter leur activité !  »

« Si mes client.es vont mal, illes risquent de diminuer mes heures de travail. »

« La situation économique de mes client.es m’inquiète. »

Mais aussi des petites entreprises en général :

« Je crains les fermetures des petites entreprises qui sont mes clientes potentielles. »

« J’ai peur que de nombreuses petites entreprises ne se remettent pas de la crise, que les gens décident de faire par elleux-même. »

« Que les client.es soient devenu.es frileuz par la crise, et ne souhaitent plus externaliser. »

L’incertitude du lendemain est plus forte que jamais.
Outre la peur de ne pas trouver de client.es qu’on retrouve à toutes les époques et dans tous les contextes, la difficulté de se projeter dans un contexte sanitaire et réglementaire mouvant est une véritable source d’angoisse.

« Le contexte sanitaire ne nous permet pas de nous projeter pleinement, car nous sommes tributaires de l’évolution sanitaire et des décisions prises par le gouvernement. »

«  Avec les règles sanitaires, je n’ai pas de vision sur 2021 pour effectuer d’éventuelles prévisions budgétaires ou envisager des évolutions possibles. »

« J’aimerais pouvoir espérer que le confinement (et la diffusion du virus bien sûr) cesse avant le printemps 2021 pour faciliter la reprise des activités de tous et toutes, afin d’avoir plus de facilités à démarcher nos prospects, semer à nouveau des graines, pour que d’ici à la fin de l’année l’économie ait repris plus sereinement pour chacun.e d’entre nous, et que nous puissions nous projeter à nouveau, stopper cette incertitude et la peur du lendemain : c’est mauvais pour nos karmas ! »

« Ma plus grande crainte est la crise économique qui va arriver au 1er trimestre 2021. »

« Le plus dur est de vivre dans l’incertitude, de ne pas savoir si nos prévisions de CA mensuel vont se réaliser. D’où un stress énorme. »

➤ Le fait d’avoir à s’adapter à la nouvelle donne :

« Je travaille avec des entités liées au monde de la culture et du tourisme. Je pense que je vais devoir réorienter mes recherches en matière de prospection. »

« Ma capacité à adapter mon offre aux nouvelles donnes de l’activité, face au remaniement des besoins des entreprises, de la présence des client.es ou de leur fermeture, de la refonte des habitudes de travail… »

« Cette crise nous amène à repenser nos modes de vie et à recentrer nos modes de fonctionnements. »

« Le confinement et des événements familiaux m’ont fait réaliser que je me sentais enfermer dans ce travail : trop de temps passé pour une rémunération insatisfaisante. »

➤ Le sentiment d’isolement peut aussi être accentué en cette période de distanciation sociale.

« La solitude me pèse. Ne plus travailler en collectivité n’est pas facile. »

➤ Plusieurs notent que la crise économique fait augmenter la concurrence.

« Le confinement nous a fait ressortir des pseudos secrétaires indépendantes qui plombent le marché en ne sachant pas calculer leurs tarifs. »

« Beaucoup de personnes se décident à passer le cap de l’indépendance… »

Une s’inquiète de « la saturation du marché des secrétaires indépendantes ».

Nous n’y sommes quand même pas, sauf ponctuellement sur des micro-marchés locaux, éventuellement, mais il reste facile (la plupart du temps) de se positionner sur un marché qui est aussi (partout) en expansion.

Cela suppose quand même de chercher à se positionner.
Il est vrai qu’avec le développement de la profession, il devient de plus en plus difficile de « juste » se lancer en s’immatriculant (pour peu que cela ait été un jour facile).
Les client.es sont désormais plus faciles à convaincre des avantages d’externaliser, mais la concurrence est réelle.

➤ A contrario, certaines craignent de ne pouvoir faire face à la demande :

« Arriver à satisfaire toustes mes client.es, tout en gardant du temps pour ma famille malgré la hausse d’activité. »

« Trouver des assistantes pour de la sous-traitance, compétentes et motivées. Beaucoup ont une orthographe à faire peur et/ou se prétendent du métier sans en être. »

« Je vais être obligée de déléguer, d’où une petite inquiétude. »

🌸 En guise de conclusion sur les effets de la crise

Comme vous le voyez, les prestataires interrogées n’ont pas vécu « la crise » de la même façon.
C’est ce que nous avons constaté également sur le forum, où les plus actives s’en sortaient souvent le mieux.

En cette période, il n’est pas bon de rester isolée.
Certains réseauxrestent actifs, du moins à distance.
Vous avez aussi la possibilité de vous faire accompagner.


Pour compléter cet article, dites-nous en commentaire comment, vous, vous avez traversé cette période. Où en êtes-vous de votre activité ? Comment voyez-vous l’avenir ?


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